Jusqu'à 13500 euros par jeton de présence pour les administrateurs de Proximus: "Le nombre de réunions a doublé"
L’opérateur télécoms, détenu majoritairement par l’État, tenait son assemblée générale des actionnaires mercredi. L’occasion de faire le point sur les rémunérations au sein de l’entreprise publique.
- Publié le 18-04-2024 à 11h31
Une rémunération fortement augmentée pour les administrateurs de Proximus. Mais un travail également doublé. On vous explique.
Ce mercredi, Proximus tenait son assemblée générale des actionnaires, un mois après avoir publié son rapport annuel 2023. L’occasion, pour la direction, de faire le point avec les actionnaires désireux d’en savoir plus.
Sans détour, le président du conseil d’administration, Stefaan De Clerck, 72 ans, rappelle les bases au niveau de la rémunération. Les managers sont indexés, comme pour toute entreprise publique, mais les administrateurs ne le sont pas. Leur indemnité fixe annuelle et les jetons de présence restent similaires à 2022.
En clair, le salaire du CEO, Guillaume Boutin, établi à 507 000 euros fixe en début d’aventure en 2020 - première année complète, car il est arrivé en décembre 2019 - est donc passé à 587 000 euros en 2023 grâce à l’indexation. Il était à 549 015 euros en 2022.
La part de la rémunération variable “à court terme” a, quant à elle, augmenté entre 2022 et 2023 également, sans lien avec l’indexation. Elle est passée de 276 019 euros en en 2022 à 301 633 euros en 2023. Néanmoins, elle était de 458 833 euros en 2022.
Et le salaire variable “à long terme” est passé de 208 073 euros en 2022 à 229 903 euros en 2023, contre 18 833 en 2020. Et 75 000 dollars lui ont été versés en 2023 pour son rôle dans Telesign aux États-Unis.
En tout, Guillaume Boutin a touché 1 292 055 euros en 2023, contre 1 198 729 euros en 2022 et 1 118 000 euros pour sa première année complète en 2020. Notons qu’il était arrivé en fin d’année 2019 (décembre), ce qui explique les plus faibles montants et l’absence de rémunération variable à long terme.
Et les administrateurs ?
Côté administrateurs, le président Stefaan De Clerck a touché 50 000 euros en indemnité annuelle fixe et 190 000 euros en jetons de présence, ainsi que 7 163 euros de frais de représentation et de déplacement (voiture de société). Un total de 247 163 euros, contre 166 223 euros en 2022. “Nous sommes passés de 7 réunions du CA à 14”, explique le président, sans noter également les différentes réunions de comités et autres. Mais si on se limite aux réunions du CA, cela fait tout de même 13 571 euros par réunion.
Les administrateurs ont donc touché dans leur ensemble 1 491 432 euros, contre 987 723 euros un an plus tôt.
Notons également que Proximus a également soumis au vote des actionnaires la nomination d’une nouvelle administratrice indépendante, Caroline Basyn. Ce qui fait que l’entreprise conserve une parfaite équité dans la répartition hommes/femmes au sein du board (sept de chaque).
Confiance en l’avenir ?
En ce qui concerne l’avenir, si Proximus a fait la demande de ne plus dépendre d’un ministre de tutelle (actuellement Petra De Sutter, Groen) et met en avant l’importance d’avoir un seul ministre du Numérique pour l’ensemble du pays, le CEO a également fait part de sa vision pour les prochains mois.
"Certains nous voient menacés sur notre marché domestique mais nous sommes solides. Et nous allons être leader sur le marché mondial”, a-t-il entamé, se félicitant d’avoir pu engranger plus de 156 000 nouveaux clients “Mobile” en Belgique. De quoi pallier la baisse des souscriptions TV et téléphone fixe.
"Malgré ces bons résultats, le cours de l’action reste bas et décorrélé de la valeur intrinsèque de Proximus. Cela s’explique par l’inquiétude des investisseurs dans le futur marché et la concurrence sur le marché domestique. Dès lors, 2024 s’avère cruciale”, a-t-il reconnu, avant d’emboîter : “Il y a des catalyseurs clés. La clôture de l’acquisition de Mobile Route (qui devrait être effective d’ici mai 2024 et ferait de Proximus un leader mondial, NdlR), les partenariats fibre, la dynamique commerciale et la limitation de l’impact du changement de structure du marché (l’arrivée de Digi, donc de la concurrence, d’ici à la fin de l’été, NdlR). Bonne nouvelle, nous sommes maîtres sur ses critères”, affirme-t-il. “Et les marques Proximus ont été élues meilleures par l’association de consommateurs Testachats”, s’est-il encore félicité.
Rappelons, enfin, que Proximus a réalisé plus de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+2,2 % entre 2022 et 2023), dont 1 757 millions d’Ebitda (-1,6 %). "Nous attendons le retour de la croissance de l’Ebitda en 2024 malgré l’évolution du marché”, a poursuivi le dirigeant, qui a rappelé les montants colossaux d’investissements (Opex) pour déployer la fibre, etc.
"La structure sur le marché domestique, professionnel ou résidentiel, pourrait s’intensifier. La compétition évolue. Mais avec la stratégie de Proximus, nous renforçons notre position. On a sécurisé notre supériorité pour les 20 prochaines années grâce à l’acquisition de plus de spectre et plus d’innovation. Côté fixe, le pari gagnant de la fibre nous donne une longueur d’avance importante”, a terminé le CEO, confiant.